En psychologie, la résilience est la capacité d’un individu à rebondir, à prendre un nouveau départ après un traumatisme, à se développer en dépit de l’adversité. En bref, sa capacité à supporter psychiquement les épreuves de la vie. Synonymes : endurance, résistance. Contraires : faiblesses, fragilité. Au sens 1er : Physique. Capacité des matériaux à résister aux chocs. Alors, le concept de la résilience oui mais encore…
Dans ce terme de « résilience » qui circule de bouche en bouche, d’article en article, de livre en livre ; dans ce terme employé sur un ton si persuasif qu’il finit par appartenir au langage courant, il y a quelque chose qui me dérange un peu, à titre personnel et dans mon travail de sophrologue. Non pas que je réfute l’idée de fond de la résilience mais parce que sur la forme, elle nous est trop souvent présentée telle un robinet d’eau que l’on peut ouvrir et fermer à volonté ou un interrupteur sur lequel on peut décider d’appuyer ou non. En tous les cas comme un « effet de volonté » . Soit je m’inscris dans le camp des résilient•es et j’ai tout compris soit je m’inscris dans celui des non-résilient•es et je n’ai pas compris grand-chose de la vie.
Or, cela n’est jamais si chirurgical. Et ma proposition est de nuancer ce concept de résilience à l’aide d’une formule bien plus complète quoi que longue : « je suis dans ce présent avec ce qui m’appartient aujourd’hui, entremêlé de ce qui m’a appartenu hier et, avec ces données, je fais comme cela m’est possible pour avancer du mieux que je peux vers demain mais parfois je peux peu».
Lorsque j’ai vécu un, ou des traumatismes, voici ce dont j’ai plutôt besoin dans le cadre d’un accompagnement sophrologique
Compte-tenu du fait que je ne suis ni une balle de tennis, ni un kangourou ni un lapin, mais un être humain, j’aimerais pour commencer, que l’on cesse de m’inviter à rebondir.
Non je ne choisis pas, soit d’être une victime passive soit de construire vaillamment des nouveaux chantiers dans ma vie. Je peux aussi chercher à me sentir mieux et tâtonner sans pour autant être un•e hors la vie. J’ai besoin que l’on tienne compte de mes particularités sans me mettre dans le panier global de la résilience organisée. Selon la nature du trauma que j’ai vécu (l’ai-je vécu directement ou indirectement via mon cercle familial), la nature de mon éducation, de mes racines géographiques ; de mes origines sociales, de ma situation du moment, de mon entourage etc. je n’ai en effet, pas forcément la capacité à me servir de mon trauma comme tremplin pour affronter brillamment la vie. Et même si je trouve en moi cette capacité, elle ne sera jamais égale à celle d’un•e autre. Voilà ce que j’ai besoin d’entendre, plutôt que « bravo, vous vous prenez bien en main, vous allez y arriver ».
J’ai donc besoin de me sentir accompagné•e sur ce chemin, par un•e sophrologue ou un•e thérapeute ou un•e médecin. Être accompagné•e signifie que les souffrances de ma vie ne soient pas juste considérées comme systématiquement surmontables si seulement j’accepte de m’y mettre, mais qu’il soit admis que je puisse ne trouver aucun point d’appuis, que je puisse être dans l’incapacité de les surmonter, voire, que je préfère inconsciemment ou consciemment ne pas y toucher sans pour autant être une personne faible.
J’ai besoin que l’on m’explique que « faire avec » une épreuve traumatisante ne signifie pas nécessairement réussir ma vie ou pire, « remonter la pente » (ce qui sous-entend que je suis au fond du trou), mais plutôt, que je peux tout à fait vivre une vie avec des bas et des hauts, une vie qui sera probablement plus chaotique et marqué par la douleur que si je n’avais pas vécu cette épreuve mais peut-être aussi plus inventive, plus intense, parce que justement elle comprend à l’intérieur d’elle cette douleur qui ne quittera probablement jamais mon corps et mon esprit.
J’ai besoin d’entendre que ce que j’ai vécu n’est pas considéré comme une malchance, un mauvais moment à oublier mais que cela fait partie intégrante de ma vie, et que c’est ce vécu justement qui construit l’individu que je suis. J’ai besoin d’entendre que, jusqu’au bout de ma vie je pourrai dire aux autres « ça me fait mal, ça me fait très mal », sans que l’on me taxe de défaitisme.
J’ai besoin que l’on écoute ma souffrance au stéthoscope comme le médecin écoute un cœur qui bat et que l’on m’aide à savoir me dire à moi-même « ok, mon cœur bat ainsi, et c’est très bien comme cela, je prends ».
Et l’accompagnement sophrologique?
On peut travailler en priorité la perception du corps tel qu’il est au présent; l’accueil des événements tels qu’ils ont été hier et tels qu’on les perçoit aujourd’hui; l’acceptation sans soumission, (ce que j’appelle l’acceptation joyeuse) puis, la qualité de la « présence au monde », dans le mouvement permanent. Une présence digne et verticale, quelles que soient les conditions et surtout, sans obligation de réussite. Il me semble que ce serait l’une des clés d’un début de réussite justement.