Être un parent bien-veillant qu’est-ce que c’est

Être un parent bien-veillant qu’est-ce que c’est? Dès qu’un enfant nait, cette question nait en même temps.

Dans mon cabinet, je reçois des parents décontenancés qui ne comprennent pas « ce qu’ils font de mal » ou « ce qu’ils devraient faire de mieux » pour améliorer leur relation avec leurs enfants. Ce sont des parents pleins de bonne volonté, lisant compulsivement pendant leur peu de temps libre tous les livres de développement personnel qui leur sont conseillé (et il y en a pléthore) afin de pratiquer l’éducation « positive » et qui se sentent submergés par les injonctions à être un parent héroïque ; submergés par des techniques vendues comme infaillibles si seulement on les pratique sérieusement. Or, ces techniques qui coulent de source sur le papier sont la plupart du temps inaccessibles dans le cadre de la vie réelle et ne font qu’ajouter à leur culpabilité. 

Pour avoir ouvert et parcouru des centaines de ces livres, à titre personnel et professionnel, je peux témoigner de l’anxiété que beaucoup d’entre eux diffusent. Pour le dire court, à chaque chapitre, je m’enfonce un peu plus dans l’idée absurde que j’ai tout raté, que j’aurais dû mieux entendre les messages de mon enfant, mieux appréhender ses phases de mal-être… et même parfois je me demande si je n’ai pas détruit définitivement quelques neurones de son cerveau. Bref, à me brûler les yeux sur les « il faut », les « y’avais qu’à » ou les « y’a plus qu’à » je n’en n’ai jamais tiré que de la honte et des remords à titre personnel et à titre professionnel, la certitude que cela ne correspond pas à ce que j’ai envie de transmettre. 

Et pourtant. Suis-je une mère pleine d’amour pour mon enfant ? sans conteste OUI ; suis-je une mère  bien – veillante ? sans conteste OUI ; suis-je imparfaite, fragile, parfois fatiguée et à côté de la plaque ? sans conteste OUI. Et cela me laisse une marge de manœuvre pour affirmer mon amour inconditionnel et affirmer ma certitude d’accompagner mon enfant du mieux que je le peux. 

Dans ces livres autour de l’éducation positive, on nous canarde d’injonctions et de programmes de choc en nous expliquant qu’il est de notre ressort de tout mettre en place pour que « ça fonctionne » sans moindrement évaluer la possibilité réelle que « ça fonctionne » et surtout, sans mettre en cause le collectif. La charge de travail (notamment en entreprise) ; les horaires démentiels de l’école, les charges de travail du côté des parents et celui des enfants ; les logements souvent inadéquats… et je ne parle pas des effets désastreux des phases de confinement. Aujourd’hui il faudrait savoir vivre un quotidien parfois très violent… en jouant à être dans une comédie musicale.

Cela arrive oui, mais le plus souvent c’est impossible ! 

Et l’accompagnement sophrologique ?

Évidemment, on peut jongler avec différents protocoles selon la nature des problèmes posés. 

Cependant, je propose le plus souvent en intention de base, de se poser, et de se « pauser » afin de calmer l’anxiété d’être un parent qui « rate ».

Avant tout on est un parent. Ensuite « un parent qui ». Ensuite « un parent qui dès fois se montre médiocre et des fois se montre brillant ».  Déjà ça calme. 

Cela commence par un recentrage. Ce recentrage est à vivre comme des retrouvailles avec soi-même, et ce, avant même que de « vouloir faire quelque chose en direction de l’autre ». Se reconnaître, prendre conscience de sa respiration, prendre conscience de ses points d’appuis, prendre conscience de son propre corps qui n’est pas une extension de celui de ses enfants et qui n’est pas une extension de la famille. Prendre conscience de la beauté de son être, dans toutes ses failles et ses fragilités. Être là pour soi. 

À travers la RD1 (re) mobiliser son corps et éprouver son ancrage, sa puissance, en tant qu’être humain vertical, individuel et autonome. 

À travers des techniques aussi simples que la SVB ou la SPI, laisser venir tranquillement des moments de plaisirs et joies intenses qui n’impliquent pas spécialement les enfants. 

À travers des techniques de projection dans le futur, se reconnaître comme un individu à part entière dont le projet de vie ne réside pas uniquement à être un parent doué. 

À travers des techniques faisant appel aux moments du passé, se reconnaître, encore une fois, comme une personne ayant vécu des choses pour soi sans lien avec la famille. Il y en a toujours ! 

À travers la RD3 s’offrir des temps de méditation de retour à soi et à ses objectifs de vie.

À travers des techniques faisant appel aux valeurs de vie, tenter de relier ce qui paraît être essentiel à autre chose qu’à l’amour parental. 

Quelques séances ainsi, pour retrouver un fil conducteur qui engage le désir général de vie. Quelques séances pour apprendre à bien – veiller sur soi afin de bien – veiller sur ses enfants. 

Puis, lorsque la personne a restauré (ne serait-ce qu’un peu) l’image qu’elle a d’elle-même, je propose des séances destinées à renouer des liens solides entre les parents et les enfants. Des séances pendant lesquelles les parents et les enfants travaillent en interaction permanente au fil d’un protocole purement sophrologique et néanmoins ludique. Ce sont des exercices en binôme, en trio, (ou plus), que les familles partagent à leur domicile chaque jour, ensuite. Et elles ne s’en privent pas. 

Une dame venue faire un atelier avec ses deux filles m’a dit à la fin de la séance : « j’aimerais que ce soit comme ça tous les jours chez nous » et je lui ai répondu que c’était parfaitement possible. Je n’avais pas tort. Les disputes se sont apaisées entre les sœurs, la maman s’en est trouvée moins stressée et par la petite porte de la sophrologie, une sorte de paix est entrée dans leur maison. 

Un podcast sur le sujet 

Ce papier je l’avais en tête depuis un moment et ne trouvais pas l’énergie de l’écrire. Puis, ce matin j’ai écouté sur Arte radio le 2e épisode d’un podcast incisif et si juste. Une création de Delphine Saltel, et cela m’a donné l’impulsion (comme quoi la radio mène à tout). Alors si vous vous posez la question: être un parent bien-veillant qu’est-ce que c’est? je vous le recommande vivement. 

Episode 1 comment la parentalité intensive nous bouffe la vie 

Episde 2 comment renoncer à être un parent parfait

Marcella, sophrologue Paris 15e

Membre du Syndicat des Sophrologues Professionnels

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Cet article a 4 commentaires

  1. Sophie

    Tres bel article! Je ne connais pas tous les termes de la sophrologie mais cela a l’air passionnant.

    1. Marcella

      Merci Sophie pour ce retour positif. En effet nous ne sommes que de « simples » humains aimants et non pas des robots compétents ce qui es plutôt rassurant finalement.

    1. Marcella

      Merci. Nous en avons bien besoin. Et la sophrologie est d’une grande aide dans ce genre de cas!

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